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La sécurite du vélo et du Vélib'
27 juin 2008

Le Parisien le 23 juin 2008

Faits Divers

« Sans véritables pistes cyclables, qu'ils arrêtent Vélib' » Propos recueillis par Emeline Cazi

mardi 24 juin 2008 | Le Parisien

GERMAIN COUVERT, père de Françoise, écrasée par un bus le 2 mai

FRANÇOISE COUVERT était violoniste, elle avait 34 ans. Le 2 mai, elle est morte en se rendant chez une amie à Vélib'. Un autobus l'a renversée alors qu'elle circulait dans le couloir de la rue La Fayette, normalement interdit aux deux-roues.

Un dossier d'instruction est entre les mains de la justice pour déterminer les circonstances précises de l'accident. Nous avons rencontré son père hier en présence de son avocat, Me Daniel Richard . Révolté par la disparition tragique de sa fille, Germain Couvert revient sur les conditions de circulation des vélos dans Paris et sur l'absence de pistes cyclables dignes de ce nom.

Un mois et demi après la disparition de votre fille, une autre cycliste a trouvé la mort hier à Paris. Comment réagissez-vous ?

Germain Couvert. Je ne suis pas surpris. Je suis même étonné qu'il n'y ait pas davantage de drames. La circulation dans Paris est devenue une vraie foire. On laisse les vélos circuler n'importe où, les motos roulent sur les trottoirs. C'est un laisser-aller général. Surtout, on ne comprend plus rien au Code de la route. Ces voies de bus interdites aux vélos, ces couloirs dans lesquels vous vous retrouvez subitement quand vous circulez en voiture... On ne s'y retrouve plus.

Qui est responsable ?

Dans le cas de ma fille, le chauffeur est en faute. C'était une volonté délibérée de passer et de l'envoyer dans le décor. Françoise roulait devant le bus. Le conducteur la voyait fort bien, elle lui a même adressé la parole. Il faut être fou, quand on est responsable de la ville ou de la préfecture de Paris, pour faire cohabiter dans un même couloir les engins les plus dangereux, les plus puissants et les moins maniables, avec les vélos qui sont les moyens de transport les plus fragiles. S'ils ne sont pas capables de créer de véritables pistes cyclables, qu'ils arrêtent l'opération Vélib'. Après ces drames, il faudrait imposer des infrastructures adéquates, protégées des voitures et séparées des piétons. Et si c'est interdit aux vélos, cela doit sauter aux yeux.

Vous parlez du manque de signalisation pour les voies de bus interdites aux vélos...

Je suis revenu sur les lieux de l'accident, au croisement de la rue La Fayette et de la rue d'Abbeville. J'ai vu des dizaines de vélos descendre, mais aussi des taxis. Or, sur le panneau installé à l'entrée du couloir, il est inscrit « interdit sauf RATP». Les taxis font-ils partis de la RATP? Si les taxis l'empruntent, pourquoi pas les vélos ? Où se trouvent les policiers chargés de faire respecter l'interdiction? Je pose la question à la préfecture de police: combien de procès-verbaux ont été dressés à l'encontre des scooters, des vélos qui descendent la rue La Fayette?

Votre fille avait-elle l'habitude de circuler à vélo?

Oui, elle avait son abonnement Vélib' depuis octobre. Elle utilisait le vélo pour des petites courses. Ce soir-là, elle rejoignait une amie pour aller au cinéma. Elle avait préparé le dîner de son frère avant de partir. Avec ma femme, nous étions dans le Morvan. Mon fils a appris la nouvelle par les policiers. Françoise paie pour tous les cyclistes sans cervelle. Ma fille était très sérieuse, rangée. La preuve, elle s'est arrêtée au feu rouge.

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